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Dans un autre monde
5 janvier 2008

Quand le père noel prend sa retraite

L’année 96 fût une année de repos pour papa, sa dernière année. il a laissé son costume du père noel au vestiaire et rendu son tablier de travailleur. Ce n’était pas une question de choix mais de survie. Sa démarche se faisait plus lente, son souffle plus court, son corps plus vieux, et pourtant, son état d’esprit ne laissait rien paraître. Toujours gai, blagueur, dragueur (pour taquiner maman) , la dégradation de son corps malade ne se manifestait jamais devant ses deux filles; selon lui, nous étions toute sa vie, le soleil qui illuminait ses jours obscurs. Pourtant, c'est souvent que je le voyait assis sur le lit, tête baissée, sanglotant. Mon cœur s’emballe, les larmes me viennent à l’œil, et lui fais un petit bisous sur le front.

Voyez-vous, à 11 ans on s’imagine que le remède a toute chose est l’amour que l’on a dans son cœur innocent et trop jeune pour comprendre les terribles choses de la vie. Cette impression de pouvoir tout résoudre par un baiser sur le front semblait fondée. Il me sourit, semble aller mieux, je peux retourner à mes occupations de petite fille. Je lui donnais par ce geste une petite dose d’énergie, qui m’ôtait une partie de la mienne. Je lui procurais, léguais, offrais toute la force que j’avais en moi et finie par me sentir vidée. Je laissais place aux idées noires

…. C’est donc à 11 ans que je fis ma première dépression. Crises d’angoisses, de larmes, d’agressivité, d’hystérie, je ne me reconnais plus. La nuit, des rêves atroces sur la mort de papa. Je le vois tantôt tué par une tierce personne, tantôt emporté par la maladie. Je ne sais à quelle mort me fier, mais le masque de la mort est là. Papa va mourir, retourner à la poussière. Je ne parviens pas à effacer ces rêves, ils sont gravés dans ma mémoire et me dissuadent de toute espérance de vie. Je me réveille... Ouf ! Ce n'était qu'un rêve. Un rêve dites-vous ? Pas si simple.

Le jour m’offrait un père à bout de force sous une apparence de battant, et la nuit me donnait un aperçu de ce que serait ma vie sans lui.  Ces flashs récurrents anéantissaient tous mes espoirs concernant son avenir. Sa mort n’était plus qu’un compte à rebours. Chaque seconde qui passait, lui ôtait une journée de sa vie. Le temps s’accélère, saute les étapes, fait de lui un vieux monsieur malade, joues creusées, yeux cernés, démarche hésitante. Personne ne semblait voir mon père tel que je le voyais, pas même lui.

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