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Dans un autre monde

21 janvier 2008

11 ans

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Je crois que les mots ne suffiront pas à décrire la peine que j'ai tous les 21 janvier depuis 1997. 11 ans que tu es parti, et à l'heure où j'écris ces quelques lignes je me trouve dans la même chambre que celle que nous avons partagé tous les quatre (F2 oblige) durant toute mon enfance, là où tu as passé ta dernière nuit d'agonie.

Elle a beaucoup changé depuis cette année 1997. Beaucoup de souvenirs douleureux ont été rangés. Son peignoir accroché derrière la porte, ses "papuce" (pantoufles) devant le lit. Tout a été archivé pour ne plus affronter ces objets inhabités. Onze ans après cette année noire, je n'arrive pas à me dire que cette chambre je l'ai partagée avec mon papounet pendant presque douze ans.

Maintenant, deux lits simples, un pour moi, un pour ma soeur, et la photo de papa qui orne le mur. Maman a finit par prendre le canapé du salon en guise de lit. Il ne reste plus rien si ce n'est un souvenir éternel d'une période révolue que je continue de faire vivre dans ma tête.

Je t'aime papa


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14 janvier 2008

Zavet

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Au sommet d'une colline isolée au fond de la campagne serbe vient Tsane, son grand-père et leur vache Cvetka. Avec leur voisine l'institutrice, ce sont les seuls habitants du village.
Un jour, le grand-père de Tsane lui annonce qu'il va bientôt mourir et lui fait promettre qu'il franchira les trois collines pour rejoindre la ville la plus proche et vendre Cvetka au marché. Avec l'argent récolté, il devra acheter une icône religieuse et un souvenir. Enfin, il lui faudra trouver une épouse.
Arrivé en ville, Tsane n'a aucune difficulté à exaucer les premiers voeux de son grand-père. Mais comment faire pour trouver une fiancée et la convaincre de le suivre au village avant que son grand-père ne disparaisse ?

Sortie le 30 janvier !!!

BANDE ANNONCE :
http://fr.youtube.com/watch?v=_R1urKb0xeA

14 janvier 2008

La boîte à musique

Miodrag n'était pas seulement le souvenir d'un divorce culturel. Pendant longtemps accrochée sur le mur du salon, une photo de papa en noir et blanc. Méconnaissable sans sa moustache et son ventre rond. A peine 30 ans, guitare à la main, il est sur une scène. Un flashback imaginaire me propulse à une époque où je n'étais pas encore née (maman non plus je pense). L'image en noir et blanc s'anime dans mon voyage temporel mais sans prendre de couleurs. Aujourd'hui encore je ne peux m'empêcher d'imaginer que la vie d'antan se déroulait en noir et blanc. Papa à son plus jeune âge me venait en noir et blanc.

Je ne l’ai jamais entendu jouer de la guitare, parfois je le surprenais à fredonner une mélodie en faisant glisser ses doigts sur des cordes imaginaires. Sa guitare, elle, est toujours à la maison. Confortablement calée entre le meuble et la fenêtre rangée dans une boîte, c'est avec curiosité que j'ai longtemps contemplé ce coin de la pièce, essayant de deviner l'instrument que je vois tous les jours sur un mur.

A l'affût d'un moment de solitude, je guette le départ de papa pour le travail, de maman pour les courses. Je tire non sans peine l'étui de sa cachette. Un odeur de moisie et de naphtaline s'infiltre dans mes narines et me déconnecte du temps présent. La poussière accumulée témoigne du temps passé entre le noir et blanc et la couleur. Je la dégage d'un revers de main comme pour ranimer l'instrument qui se trouve à l'intérieur, pour le ramener à notre époque. Un petit moment d'appréhension avant d'ouvrir la boite. Je prenais un innocent plaisir à imaginer que lorsque je l'ouvrirai, une mélodie se jouerait telle une boite à musique. Pas de ces boites à musiques qui me faisaient sans cesse pleurer, ces mélodies mécaniques accompagnées d'une figurine qui tournoie en aspirant la vie autour d'elle. Elles suscitaient chez moi une sensation d'inquiétante étrangeté qui me mettait dans un état de malaise inexpliquable. 

La boîte à musique de papa n'était pas de ces boîtes de foires anxieuses. En l'ouvrant, c'est une mélodie pleine de vie que j'entends, une symphonie valorisée par le talent parternel, une partie de sa vie avant qu'il ne donne la mienne. Une musique qui anime l'image fixe accrochée sur le mur du salon, qui colore un peu le noir et blanc d'une époque révolue.

12 janvier 2008

Charleston & Vendetta (fr)

Charleston & Vendetta (fr)
Vidéo envoyée par  One-Skay

Il serait temps de parler un peu du cinéma Serbe qui n'a pas souvent la chance de connaître une diffusion internationale. Celui-là j'espère qu'il retiendra l'attention des Français.

Bande annonce du film a gros budget Serbe, Charleston & Vendetta (en Serbe : Carlston za Ognjenku). - - -

INFO :

Réalisé par Uroš Stojanovic et co-écrit par Aleksandar Radivojevic & Stojanovic, il est réglé pour une sortit en salles en Serbie le 30 janvier 2008. Fabriqué sur un budget qui dépasse les 4 millions €, le film a été tourné durant l'été 2005. Il est ensuite rendu dans une longe post-production. On apprend également que Luc Besson serait très intéressé pour la diffusion du film en France, que l'on encourage fortement.

Résumé :

L'intrigue du film se passe dans les années 1920 dans l'après-Première Guerre mondiale en Serbie. Reconstruire après une exténuante guerre dans laquelle le pays a perdu une bonne partie de sa jeune population masculine. La situation est particulièrement visible dans certaines régions rurales, où cette pénurie d'hommes menace d'éteindre la vie complètement. Deux sœurs, Ognjenka (Sonja Kolacaric) et Mala Boginja (Katarina Radivojevic) à partir d'un village fictif "Pokrp" qui n'a pas d'hommes en âge de se marier partent à la recherche de bons hommes à apporter à la maison.

Sous-titre et Traduction par ONE-SKAY (skyserky)

11 janvier 2008

Dernières vacances à Ouistreham

Le trajet en voiture reste le meilleur moment du voyage. Dans notre vieille Mazda 121 blanche trois portes, papa conduisait paisiblement. A l’avant, maman avec toutes les provisions pour la route . A l’arrière, ma soeur et moi. Nous voilà à peine partis que la voiture se transformait en véritable aire de jeux. Nous déballions notre attiraille. Un fond de musique Yougoslave nous berçait. Lassées des jeux, nous nous laissions rapidement distraire par les paysages ruraux. Tous les ans le même rituel, deux arrêts.

Le premier, arrêt pipi. Le deuxième est mon préféré. Il nous avertit que nous arrivions au terme du voyage. L’odeur du sel de mer, du poisson frais, du port de pêche, des barbes à papa, commençaient à s’infiltrer dans nos narines. Au milieu des champs bordant la nationale, une caravane pour les gourmands voyageurs. Saucisse-frite pour tout le monde. Je perdais mon regard à l’horizon, mastiquant rêveusement les restes de ma barquette. Je levais la tête et regardais le ciel bleu; et papa. Papa riant aux éclats avec les bons vieux propriétaires de la caravane de Ouistreham. Mes angoisses ressurgissent, la meilleure partie du voyage venait de connaître ses derniers instants. Je pensais déjà au retour, à l’interminable souffrance de papa. La nuit, je regarde longuement les étoiles. C’est en vacances que je les vois le mieux. A Paris, les lumières de la ville leur font de l’ombre, leur vole la vedette.

A la mer l’atmosphère est propice à la réflexion, on se laisse facilement aller aux rêves. Mais le calme ambiant laissant le bruit de la mer s'échapper de l'angoissante obscurité lorsque le soleil a pris congé est favorable aux pensées les plus morbides. Le soir en regardant les étoiles dehors dans le jardin, je m’interrogeais sur leur existence. Je me demandais si c’était de là que papa allait nous regarder une fois qu’il aura quitté ce monde. Je me demandais sur quelle étoile il allait poser ses bagages.

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8 janvier 2008

Rupture culturelle

4 mariages et un enterrement si je devais résumer grossièrement la vie de papa. Maman fut sa quatrième et dernière épouse. Comme il se plaisait à lui dire, il a mis 46 ans à la trouver. Effectivement après une infirmière vénale, une femme qui, à défaut de ne pas être infirmière, était simplement vénale, une troisième épouse dont les fils faisaient partie d'une mafia (on parlera plus tard de la visite qu'ils nous ont rendus un jour), il y a laissé des plumes et des rides... il était temps pour lui de poser ses bagages au côté d'une femme... normale en somme.

Sa deuxième femme avec qui il aura un fils le repoussera hors des frontières serbes tant son amour pour l'argent devenait malsain après le divorce. Le voilà en France, n'osant plus remettre les pieds dans son pays, "tant pis" dit-il. Avec sa troisième femme connue en France, il s'interrogea sur un éventuel exil pour la Patagonie cette fois (peut-être sera-t-il enfin tranquille là-bas) lorsqu'elle décéda, "tant mieux" dit-il. Il faut dire qu'entre une femme qui vivait avec une partie de son salaire et deux fils mafieux qui vivaient avec l'autre on ne peut lui en vouloir de ne pas avoir pleuré la mort de son épouse. Une nouvelle vie se prépare en France... ouf il est encore de tout reconstruire et de repartir de zéro. Pourtant l'appel de son pays d'origine se fait entendre et met en suspend sa bonne volonté. Un retour aux sources s'impose : la mort est venue chercher l'âme de sa mère et l'oblige à se réconcilier avec sa terre le temps d'un enterrement.

Les yeux fermés, l'avion décolle, ses pieds ne touchent plus le sol... De l'autre côté du continent doivent sûrement l'attendre son frère et sa soeur, ils pensent à leur éprouvante retrouvaille, à ceux qui seront là pour unir leurs larmes aux siennes. Il ouvre les yeux, ses pieds se rapprochent du sol. Les pieds à terre, les yeux ouverts le voilà revenu sur son territoire. Tous ses sens sont en éveil, il cherche sa famille qui matérialisera, confirmera son retour aux sources. Derrière lui un bruit de pas se rapproche de lui. Il n'ose pas se retourner, l'émotion est trop forte. Les pas se rapprochent... mais soudain inconnus, inhumains car mécaniques. La confusion est totale, il n'a pas le temps de se retourner. Une main empoigne son épaule, un homme en uniforme : "Veuillez nous suivre s'il vous plait"
Son passé de divorcé et les obligations qui vont avec prennent le dessus sur le décès de sa mère. Un goût amer vis-à-vis des autorités, de sa terre natale, une volonté de fuir de nouveau et définitivement... des torrents de larmes, une rose apposée sur le cerceuil maternel et ses pieds quittent définitivement le sol Serbe. La France est devenue son pays d'adoption, il ne la quittera plus. Pour mettre un terme à ce qui le reliait à sa terre, pour effacer, archiver tout ce qui pouvait lui rappeler ses origines, il se dirige vers la mairie...

"Bonjour je m'appellait Miodrag encore hier, maintenant je voudrais m'appeler Michel s'il vous plaît".

7 janvier 2008

Zoran Vanev - Juzna Pruga

Zoran Vanev - Juzna Pruga

Un peu de musique de mon pays ;)

5 janvier 2008

l'ordre en désordre : petite entracte

Ce récit est ma thérapie, mon miroir, le reflet d'une vie que je ne peux pas analyser sans la voir de l'extérieur. Comme on dit, je vide mon sac, je jette les dés. Dans ma tête il y a un bordel pas possible. J'ai besoin de l'étaler sur papier. Toutes mes peurs, tous mes souvenirs se mélangent, je n'arrive plus a faire le tri, la part des choses. Mon père, ma culture inachevée, mon handicap assumé...

Le visage de mon père fait partie des premières images qui m'ont ouvert les yeux sur la vie.
Ma culture est la dialectique même du verre à moitié plein et vide.
Mon handicap..... le mot est-il approprié ? J'ai la possibilité de me laisser emporter par la voix de papa quand je regarde les cassettes de vacances, les rires d'un enfants, les mots d'amour d'un amoureux, les expressions tournées à la sauce Serbe de ma mère, la musique de mon pays qui me replonge dans un état de nostalgie indescriptible ... peut-on réellement parler de handicap ? non, car les petits bonheurs de ma vie je peux les sculpter avec mes sens. Je les sens faire vibrer mon oreille, sensation de prime abord purement physique je le concède, mais qui m'enveloppe dans un tourbillon d'émotions incompatible avec le mot handicap qui sous-entend une incapacité. Je suis capable de ressentir, le mot n'est donc pas approprié. L'âme n'a pas besoin du corps pour s'élever; l'esprit n'a pas besoin de jambes pour voyager, marcher, courir; le coeur n'a pas besoin d'oreilles pour entendre une voix qui lui est chère; l'aveugle n'a point besoin d'yeux pour imaginer un monde aux couleurs arc-en-ciel...

5 janvier 2008

Quand le père noel prend sa retraite

L’année 96 fût une année de repos pour papa, sa dernière année. il a laissé son costume du père noel au vestiaire et rendu son tablier de travailleur. Ce n’était pas une question de choix mais de survie. Sa démarche se faisait plus lente, son souffle plus court, son corps plus vieux, et pourtant, son état d’esprit ne laissait rien paraître. Toujours gai, blagueur, dragueur (pour taquiner maman) , la dégradation de son corps malade ne se manifestait jamais devant ses deux filles; selon lui, nous étions toute sa vie, le soleil qui illuminait ses jours obscurs. Pourtant, c'est souvent que je le voyait assis sur le lit, tête baissée, sanglotant. Mon cœur s’emballe, les larmes me viennent à l’œil, et lui fais un petit bisous sur le front.

Voyez-vous, à 11 ans on s’imagine que le remède a toute chose est l’amour que l’on a dans son cœur innocent et trop jeune pour comprendre les terribles choses de la vie. Cette impression de pouvoir tout résoudre par un baiser sur le front semblait fondée. Il me sourit, semble aller mieux, je peux retourner à mes occupations de petite fille. Je lui donnais par ce geste une petite dose d’énergie, qui m’ôtait une partie de la mienne. Je lui procurais, léguais, offrais toute la force que j’avais en moi et finie par me sentir vidée. Je laissais place aux idées noires

…. C’est donc à 11 ans que je fis ma première dépression. Crises d’angoisses, de larmes, d’agressivité, d’hystérie, je ne me reconnais plus. La nuit, des rêves atroces sur la mort de papa. Je le vois tantôt tué par une tierce personne, tantôt emporté par la maladie. Je ne sais à quelle mort me fier, mais le masque de la mort est là. Papa va mourir, retourner à la poussière. Je ne parviens pas à effacer ces rêves, ils sont gravés dans ma mémoire et me dissuadent de toute espérance de vie. Je me réveille... Ouf ! Ce n'était qu'un rêve. Un rêve dites-vous ? Pas si simple.

Le jour m’offrait un père à bout de force sous une apparence de battant, et la nuit me donnait un aperçu de ce que serait ma vie sans lui.  Ces flashs récurrents anéantissaient tous mes espoirs concernant son avenir. Sa mort n’était plus qu’un compte à rebours. Chaque seconde qui passait, lui ôtait une journée de sa vie. Le temps s’accélère, saute les étapes, fait de lui un vieux monsieur malade, joues creusées, yeux cernés, démarche hésitante. Personne ne semblait voir mon père tel que je le voyais, pas même lui.

28 décembre 2007

Une petite fille capricieuse

Maman a toujours servit de contrepoids avec papa. Il autorisait, elle sévissait. Papa poule, mère louve, amour vache. Comme toutes les petites filles, je prenais un malin plaisir à mélanger l’eau et l’électricité. Face au refus de ma mère, je m’en allais voir mon père qui assurément me donnait son accord. Les étincelles fusent, le ton monte, j’ai honte, je regrette. Capricieuse, malicieuse, maladroite, je me reconnais. On dit toujours « si j’avais eu une caméra, je t'aurais filmée et tu aurais vu à quel point tu étais pitoyable. » Or maman en avait une ce jour là et ne m’a pas loupée.

En vacances, je suis une touche à tout, casse-tout, casse-cou. Tout ce qui est rose, avec des paillettes devaient entrer dans mon coffre à jouet. Devant le refus catégorique de ma mère, je quittais mon statut de petite fille modèle, petite robe en dentelle blanche et m’asseyais sur le trottoir en tapant des poings. Réflexion faite, je suis ravie que maman ait eu la camera en sa possession à ce moment là, sans quoi j’aurais passé un mauvais quart d’heure entre ses mains. Cette fois, c’était son quart d’heure de gloire à elle, celui qui lui permettrait d’enregistrer pour toujours mes caprices pour pouvoir me brandir l’extrait de mes exploits sous le nez à chaque fois que l’envie de faire des étincelles me reprenait. Pendant que maman se frottait les mains de son flagrant délit, papa se courbait le dos. Il me demandait de me lever. Je n’écoutais pas, pleurais, criais, attirais la foule. Je suscitais le rire, l’indignation, la pitié. Papa riait, me regardait à travers ses épaisses lunettes légèrement teintées. Il me tendit la main, me releva… il n’avait pas besoin de parler, je savais qu’il avait cédé à mon caprice. J’ai honte, je rougis de plaisir et de dégoût envers moi-même. Je repasse ces images dans ma tête, et prend conscience de mon inconscience. Pardon papa.

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